Soeurs ennemies, la Religion et la Science sont tombées d'accord sur un point : les chevaux, comme les autres animaux, n’existent que pour servir d’outils à l'Homme. Enfin, à condition que ce dernier parvienne à me domestiquer. Bien sûr, j’ai d’abord été chassé pour ma viande et ma peau. Mais c'est bien peu en regard du travail que j’ai fourni au fil des siècles.
En effet ma domestication, qui survient entre 5500 et 2000 avant notre ère, ouvre mille perspectives à mon exploitation. Parmi celles-ci, devinez laquelle a la préférence de l'Homme ? Gagné ! Il s'agit de la guerre. Monté ou attelé, partout sur le globe je suis utilisé afin de conquérir de nouveaux territoires.
On peut dire que je vois du pays. Je parcours les steppes de l'Asie centrale, monté par les peuples nomades, je conquiers l'Asie et l'Europe en compagnie des guerriers musulmans, je participe activement aux guerres napoléoniennes, pour finalement tomber au front durant la Première Guerre Mondiale.
Parallèlement à mon rôle de machine de guerre, l'Homme découvre que je suis un allié fidèle dans une autre de ses activités favorites : la chasse. Les découvertes les plus récentes autour de la culture de Botaï dans le Nord-Kazakhstan, à la fin du Néolithique, témoignent d'une possible maîtrise précoce de l'équitation de chasse. Mais mes lettres de noblesse en la matière, je les dois à la chasse à courre. Indissociable de l'imagerie médiévale, elle est pourtant pratiquée depuis l'époque sumérienne.
Enfin, entre deux tueries, vous découvrez que je peux être un excellent compagnon de travail. Vous m'utilisez alors pour labourer les champs.
Une légende court d'ailleurs parmi les chevaux selon laquelle vos ancêtres, ne pouvant nous monter à cause de notre tendance naturelle à ruer pour nous débarrasser de tout importun, n'ont eu d'autre choix que de nous employer aux travaux agricoles. Qu'est-ce qu'on en rit dans les écuries !
Mon efficacité au travail est telle que je me vois "récompensé", en retour, par une diversification de mes activités. Du champ je passe aux bois où je participe activement au débardage, puis on me trouve pêcheur en bord de mer. Enfin, les moins chanceux de mes congénères accompagnent nos frères de misère, humains cette fois-ci, dans les travaux les plus pénibles, comme ceux se déroulant dans l'obscurité des mines.
Je semble me plaindre mais j'aime que l'on reconnaisse mes nombreuses qualités. Je peux même avancer que la multiplicité de nos associations a eu un impact sur notre relation. J’ai parfois même l'impression qu'au fil du temps vous avez fait vôtre cette phrase de Nuno Oliveira :
"Faites du cheval un compagnon et non un esclave, vous verrez quel ami extraordinaire il est."
L'amour à Paris sous le second Empire
Reliure à mors ouvert signée Isabelle Rollet, Paris : H. Simonis Empis, 1896 (3R 370)
Les Charretiers
Frédéric Noëlas, gravure sur cuivre (eau-forte), Roanne, s.d. (Noe 112)
Cortège de mandarins se rendant à la cour, Pékin.
Correspondance de Claude Dethève, carte postale, s.d. (Cpdt 120)